A la rencontre de St John Perse
par Pascal Bergerault

(…) Tel le géologue, et sans doute plus encore depuis qu’elle interroge les fascinants brouillons de SAINT-JOHN PERSE, Geneviève Besse explore l’écrit comme on explore les pays de très grand âge. Elle prospecte,scrute, recueille les indices, est sensible aux signes annonciateurs du gisement rare, isole le spécimen qui promet, qui révèle, et qu’elle prend soin de commenter dans les marges, de ses hiéroglyphes, et d’auréoler d’éloges verts, rouges, jaunes ou bruns… D’aucuns diront que c’est là un bien singulier rapport au texte quand l’artiste semble vouloir faire fi du sens pour ne prélever que des couleurs au détour des versets, et s’attacher plus à la forme que mots et lettres revêtent dans la trace que le poète a laissée !Approche tellement persienne, pourtant, dans cette transposition plastique de l’élan vers l’œuvre à naître, d’une œuvre pour laquelle l’auteur a par ailleurs plus ou moins explicitement voulu – sinon provoqué – le compagnonnage des plasticiens. L’on songe aux collaborations avec Georges Braque, André Marchand, Antoni Clavé, Robert Petit-Lorraine , aux somptueuses eaux fortes réalisées par Claude Garanjoud pour Neiges, aux monumentales stèles de bronze que Patrice Alexandre a coulées pour Nocturne… Ce même Nocturne qui, avec Amitié du Prince, retient pour l’heure Geneviève Besse pour le plaisir de nos yeux (…)

Pascal Bergerault Département d’histoire de l’ Art – Université de Tours