Détours du Temps


Regarder un tableau de Geneviève Besse, c’est lentement remonter le fil apparemment à l’abandon d’un signe, d’un signe d’émotion par lequel nous retrouvons sa brume de matière initiale : en deçà du corps et du cri, se donne alors la matière d’un langage entre ruine et éclosion ; des signes reviennent ainsi à leurs bases matérielles, avant toute prononciation ou désignation ; nous les voyons émerger dans leur potentielle articulation charnelle, ou dans l’esquisse d’un geste d’écriture dont ne subsiste ici que la trace de souffle et d’encre. Par cette peinture, le regard se voit, sent en plénitude, sent émotionnellement le sens de sa sensation et la condition même de celle-ci : l’espace et le temps…
Étienne Besse