ANNEE 2008 – On imagine une forêt de symbole


2008-01On imagine une forêt de symboles.
par Pierre Givodan

Bâtons brisés qui se rejoignent et ne prennent sens que par la réunion de la couleur et de la toile ou du papier.

La technique de Geneviève Besse revèle ainsi une fragmentation du temps de “lecture”.

La narration doit être dépassée par le regard de celui qui contemple son travail.

Au centre de sa démarche le mouvement de la vie se retrouve sous le temps perdu et le hasard des signes.

L’artiste possède une véritable intuition de la durée créatrice. Elle accepte le flot des images, la succession non monotone des changements. On ne pense pas non plus qu’elle se rende définitivement propriétaire de ses gestes. Mais il semble qu’elle entende vraiment sonner l’horloge du Temps.

L’histoire de la peinture connaît bien des artifices. Pendant des années et des années Genviève Besse s’est nourrie de ce que le cortège des jours nous donne sans doute de plus important : l’occasion de retrouver le fragile équilibre, et l’instant présent.

Ce travail se comprend à partir du chiffre de la bibliothèque et de la conception d’un temps ouvert…Comme si l’artiste nous proposait le récit figuré d’une initiation qui impliquait l’image d’un cercle inachevé.

Pierre Givodan
in Chroniques intempestives et subjectives à propos de l’art ed Complicités


 

2008-02L’enfance des signes.
par Catherine Plassart

Même si, elle possède depuis trente ans un parcours complice avec les poètes, ce n’est pas le texte seul qui intéresse Geneviève Besse. C’est la forme de l’écrit. Dans ses oeuvres sur papier qui sont autant des “rapiéçages” que des collages, elle organise le visible autour de fragments de manuscrits. Graphies à la plume, surfaces aquarellées contaminent par le dessin et la peinture, les morceaux de manuscrits prélévés. L’écriture s’en va, le mot et la lettre reviennent dans un dédale de ratures, biffures, griffonages, salissures, déchirements. Peu de lignes, de traits, de cadrages ou de marges. Les compositions de G. Besse sont flottantes, instables, elles s’accordent à l’indiscipline et au désordre du premier jet de la pensée abstraite chez les auteurs “cités”.

Nous sommes ici dans un « lieu de passage d’un monde à l’autre, d’une raison à l’autre, d’un désordre à un ordre. » ( J.-M. Laclavetine). Les mots sont des corps en mouvement qui révèlent les pulsions de l’être. Les lettres partagent leur substance avec le dessin. Et l’artiste nous émeut par sa démarche. Il s’agit pour elle, de sauver ce qui n’est qu’un brouillon pour mieux exalter l’enfance des signes. Ses graphies fixent sur le papier une étape qui révèle à la fois le projet, les tensions, les hésitations, les maladresses des auteurs. La couleur introduit le mouvement dans l’ensemble. “Le Bleu. Stries. Sillages d’une mer qui se retire” (J. Held), découvre et rend lisible, les traces illisibles de l’écriture dans sa génèse.

Catherine Plassart
Art Point France Info