ANNEES 1999 – 2000


1999-0Les interversions, pouvoir et contre-pouvoir du texte imprimé sur le livre d’artiste : Les Gestes du Cœur, de Bernard Noël et Geneviève Besse.
par Marie-Paule Peronnet

On entend par interversion des recherches transmuant le livre originel en différentes œuvres murales. Un processus inverse à celui de créations antérieures intégrant des fac-similés de manuscrits sur papier Arches ou papier glacé, ou à celles de toiles (160 x 130) plus ostensibles dans leur matérialité et stigmatisées et signes calligraphiques. Dans ce cheminement créatif dit d’interversion (s), la première fut la mise en espace de 5 Quatrains du livre-imprimé de Bernard Noël (un pour la première, deux pour la deuxième, etc…) avec mise en exergue de quelques mots renforcés dans leur matérialité. La deuxième interversion plus radicale par la destruction de l’ouvrage, fut suivie de 8 Compositions murales sur papier Arches 250 g de 55×85 associant gravures-peintures, collages, texte imprimé et manuscrit ; tout le corpus des livres d’artistes de Geneviève Besse ici soumis à l’approche frontale des cimaises. La troisième s’appropria la transparence des films d’imprimerie recouvrant 8 monotypes de (15 x11) aux rendus ainsi distanciés. Le texte revenu au premier plan- latosensu – se donne alors à lire à l’extérieur du corps physique du livre en une troublante vision anatomique. Ces interversions sont aussi affaire de couleurs, d’orangés solaires notamment, dans le lumineux prolongement de ceux des Gestes du Cœur. D’émotions palpables émanant du verbe et de la matière ; terriblement archéologique de Geneviève Besse à nul autre pareil. De la découverte d’un texte, de ses différentes transmutations jusqu’à ses renaissances, la boucle serait bouclée d’après Geneviève Besse. Un aboutissement et non une fin tant son énergie suscite de rencontres, de nouveaux partages, pour et autour des textes, des mots.

Marie-Paule Peronnet (Extrait Art et Métiers du Livre )


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1999-1Qu’est-ce que traduire le monde ?
par Claude Held

Geneviève Besse nous conduit sur l’autre rive avec des lettres, des mots, des restes de mots et de phrases. Ces mots étaient censés donner une certaine mise en représentation, une certaine mise en forme de la pensée par rapport au monde – ils introduisaient déjà une différence, un décalage – Etant manuscrits, de surcroît, ils proposaient un tracé, des biffures, un mouvement,un rythme sur la page qui n’était pas sans rappeler, dans cette activité de scribe, le geste du dessinateur, du peintre. En sélectionnant les éléments manuscrits, en les agrandissant, les tronquant, les manipulant d’une façon générale, Geneviève Besse ajoute au décalage entre le réel et l’illusion de sa représentation.

Elle crée une série de filtres où le réel se décompose. Il nous est demandé, non pas de reconstituer le texte original, encore moins son rapport évasif au monde – il nous est demandé simplement de participer à une aventure de l’imaginaire –devenir nous-mêmes l’œil, la main – partager un instant l’expérience unique de l’écriture et de la ligne dessinée, de la forme peinte, de la matière du papier, de l’encre (…)

Claude Held, écrivain (extrait)


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