ANNEES 2002 – 2006 La jeunesse des écritures


2002-101La jeunesse des écritures
par Jean-Pierre Plundr

Les grands vents ne déracinent pas les traces, les griffures, les caresses et les signes, qu’habitée d’une tranquille détermination, Geneviève Besse laisse s’épanouir sur la surface de la toile ou du papier. Avec naturel, le florilège offert ici à notre regard s’impose dans l’apparente fragilité de surgissements reliés secrètement à une solide germination. II semblerait que dans le cas présent, ce soit dans le terreau des écritures que la grammaire plastique puise la force nécessaire au développement de sa diversité. Ainsi, bien que les registres, sur lesquels ce mouvement de création s’affirme, diffèrent, un fil indestructible relie les gravures, les collages et les peintures. Comparables aux pages d’un livre dont l’auteur aurait la mission d’écrire le monde pour nous le rendre visible, les oeuvres en se succédant délivrent un message obstiné.
Dans une frontalité constante, chaque composition se fait l’écho d’une vision intérieure, dévoilant ses mystères pour mieux les cacher encore, par un jeu de superposition, de stratification ou de recouvrement, ce que nous percevons nous renvoie à l’énigme d’une langue secrète dont quelques fragments émergent d’une mémoire hésitante. Nous sommes alors invités à défricher ces terres oublieuses afin de déchiffrer les palimpsestes proposés. Mais cette quête se fait sans effort car l’offrande faite aux yeux est séductrice ; les couleurs et les matières de la peinture éclatent d’une santé d’azur, les papiers effleurés d’encre, froissés et collés, flottent et dansent librement dans un espace toujours ouvert. Autant dire qu’une impression de jeunesse vient nous cueillir au seuil de nos tentatives d’explication et nous laisse ravis de pouvoir satisfaire notre gourmandise de spectateur. Notre plaisir se prolonge quand sur les pages d’un livre précieux, Geneviève Besse laisse ses créations se marier au texte d’un poète ami. Ses expérimentations et ses découvertes sont alors à la hauteur de son enthousiasme. La beauté des alliances qu’elle sait trouver entend nous confier que le mariage de deux écritures peut prétendre au sacré, si celles-ci portent en elles les forces de l’amitié et des affinités.

Jean-Pierre Plundr, peintre et écrivain


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